Bibliothèque numérique pour l'école Okavango
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Nul ne savait quand était Okavango, le grand fleuve.

Depuis la nuit des temps, il cheminait dans le ventre de la Terre.

Puis, sur les hauts plateaux d’Angola, il avait jailli d’une entaille rocheuse, salué par le soleil levant.

Mince filet d’eau, il se fraya timidement un passage entre falaises et forêts. Bien grossi par d’autres ruisseaux, il s’enhardit et commença à bondir joyeusement sur les rochers.

Il sauta de cascade en cascade, éclaboussant de ses perles scintillantes les feuilles basses des arbres, indifférent à la beauté des oiseaux de paradis venus se désaltérer sur ses berges.

Torrent fougueux devenu rivière paisible puis fleuve majestueux, Okavango connaissait d’instinct sa destinée : mêler ses eaux à celles du vaste océan.

Il avança alors sans hâte, déroulant paisiblement ses méandres entre plaines et villages.

Soudain se dressa sur son parcours un redoutable obstacle : Kalahari, le grand désert.

Okavango comprit qu’il devrait le franchir pour atteindre son but. Aussi s’élança-t-il sans hésiter à l’assaut des premières dunes et les submergea.

Il tenta ensuite de se faufiler entre les hautes collines de sable rouge qui barraient sa route. Mais, contraint de se ramifier en une multitude de bras, il dut ralentir sa course.
Okavango affronta alors le soleil implacable et les vents brûlants. Face à ces terribles adversaires qui l’asséchaient peu à peu, il s’épuisa. Ce combat inégal eut raison de ses dernières forces. Désespéré, il sentit bientôt qu’il s’évaporait et devenait brume légère s’élevant dans les airs.

« Ma vie s’achève ici, murmura le fleuve mourant.

– Détrompe-toi, Okavango, lui souffla alors le vent du sud. Fais-moi confiance, je t’emporte loin d’ici vers les hautes terres d’Angola, tu es né. Tes vapeurs y deviendront nuages et les pluies te feront renaître. De nouveau, tu seras mince filet d’eau, torrent fougueux puis rivière paisible et enfin fleuve majestueux. Alors, nous nous retrouverons aux portes de ce désert. »

« Je ne verrai donc jamais l’océan ? soupira tristement Okavango.
– Non, en effet, mais console-toi, lui répondit le vent, avant de t’évaporer, en te perdant dans les sables, tu y sèmes la vie : dans tes marais déjà prennent racine roseaux, papyrus et lotus. Bientôt, les milliers d’îlots de ton delta abriteront les bêtes sauvages. »
Apaisé par ces paroles, Okavango se laissa porter par le souffle du vent.

Depuis ce temps lointain et aujourd’hui encore, il reste le seul fleuve au monde qui se perd dans le désert et jamais n’atteint la mer.